Analyse :
Le Dahlia Noir
Film noir de Brian
de Palma sorti en 2006 mettant en vedette Josh Hartnett, Aaron Eckhart,
Scarlett Johansson et Hilary Swank. Le film est basé sur le roman de James
Ellroy, lui-même inspiré d’un meurtre réel.
Résumé : À
Los Angeles dans les années quarante, les enquêteurs Dwight Bleichert et Lee
Blanchard retrouvent le corps d’une jeune femme, Élizabeth Short, découpé en
deux. La coopération des deux policiers amène Bleichert à rencontrer Kay Lake,
la copine de Blanchard, dont il s’éprend bien que celle-ci ne fasse que
l’aguicher sans aller plus loin. Lors de son enquête, Bleichert fait également
la connaissance de Madeleine Linscott, sosie de Elizabeth Short qui charme à
son tour le policier.
Éléments
du film noir
Ville : (1min.30s)
Au tout début du film, une scène montre une bagarre générale qui oppose des
matelots, des militaires, de policiers et des hommes habillés en civils. Des
bâtiments sont défoncés; des voitures brûlent; les blessés gisent au milieu de
la rue ; tout cela dans le chaos le plus absolu. Une voix de radio
expliquant la situation déchainée informe le spectateur que l’histoire se
déroule à Los Angeles, comme c’est si souvent le cas dans les films noirs. La
ville est présentée comme un endroit incontrôlable où la violence règne plus
que la loi. Cela préfigure le crime terrible qui sera commis.
Cupidité : (1h32min.)
Dwight Bleichert est chez Kay. Celle-ci lui demande de changer des tuiles
brisées dans le plancher de la salle de bain. En défaisant le tout, le policier
découvre une trappe secrète contenant plusieurs liasses de billets de cent
dollars. En interrogeant Kay, Bleichert se rend compte que Blanchard a volé de
l’argent à des criminels et que c’est ainsi qu’il réussit à faire étalage d’un
luxe bourgeois. La cupidité a empoisonné le cœur des personnages. L’amour de Kay pour
Blanchard est nourri par l’argent. Celui-ci lui a payé ses études et lui a
offert une vie d’abondance avec lui. Le spectateur est tout autant déçu que
Bleichert qui se sent trahi et dont le sens de la justice est bouleversé pour
des questions d’argent.
Femme Fatale : (49 min.) Bleichert rencontre Madeleine Linscott dans une
voiture noire. Le policier pose des questions à la demoiselle. Cette dernière,
ennuyée d’avoir à justifier ses actions, propose à l’enquêteur de faire ce
qu’il voudra pour que son nom n’apparaisse pas dans les journaux. Bleichert
accepte le rendez-vous qui lui alloue l'accès à la maison des Linscott. Madeleine
est vêtue d’une somptueuse robe noire à décolleté plongeant. Ses lèvres sont
pulpeuses; sa voix suave; son maquillage et ses cheveux sont aussi arrangés de
façon à augmenter l’effet de ses talents d’aguicheuse. Le fait que Mademoiselle
Linscott fume n’est pas anodin non plus; cette action indique qu’elle s’élève
au rang des hommes afin de les soumettre à l’aide de ses charmes. Pour toutes
ses manières d’agir, Madeleine incarne la femme fatale par excellence.
Celui qui cherche la vérité : (20min.14s) Le chef du poste de police annonce la présence
de Raymond Nash, un criminel particulièrement violent, dans la ville. Bleichert
regarde des photos de l’homme en question. On entend les pensées de l’enquêteur
qui décrivent les atrocités commises par ce bandit. Bleichert montre sa volonté
de faire payer ses crimes à Raymond Nash. Cette scène est un bon exemple d’un
représentant de la loi qui recherche la vérité. Dans l’histoire, la plupart des
policiers sont malhonnêtes et Bleichert, même s’il n’est pas complètement un
être de lumière, s’efforce de punir les malfaiteurs qui le méritent.
Renforcement de l’érotisme : (1h7min.40s) Les enquêteurs interrogent une jeune femme qui
a tourné un film pornographique avec Elizabeth Short peu avant qu’elle soit
assassinée. Les policiers se réunissent dans leur salle de projection pour voir
s’ils pourraient en tirer des indices. Dans le film tourné en noir et blanc, on
voit deux femmes en pleins ébats sexuels. Elizabeth Short est attachée et
semble être là contre son gré. La scène se termine quand Lee sort brusquement de la salle,
visiblement furieux de ce qu’il a vu. L’érotisme est clairement renforcé étant
donné que la victime elle-même a tourné dans un film de nu. Une certaine
cruauté est véhiculée à travers cette scène qui montre la sexualité comme un
moyen facile pour ces deux femmes de se procurer de l’argent. Le spectateur
n’est pas à ses aises d’être voyeur d’un tel fil, car il comprend le contexte
sombre entourant les actrices.
Sadisme : (1h43min.)
Bleichert réussit à entrer dans une petite cabane qui est en fait la scène du
crime. Il y découvre un matelas imbibé de sang ainsi que des outils
vraisemblablement destinés à la torture. En se relevant, Bleichert pose les
yeux sur une affiche, également tâchée de sang, représentant un clown sur
lequel on a pratiqué un « Glasgow smile ». Le sadisme est évidemment
véhiculé par ce lieu où l’on a coupé en deux la victime. Le tout provoque le
dégoût chez le spectateur qui est frappé par la violence des actes ; ce
qui contribue à l’atmosphère sombre.
Musique Jazz : (18min.25s) On voit Bleichert danser avec Kay au milieu
d’une foule qui célèbre le Jour de l’An 1947. L’intérêt est clairement placé
sur la musique car le band qui fait danser les gens est placé sur la scène. La
chanson entendue, « In the Mood » de Glenn Miller, est un standard
jazz qui a connu un énorme succès à l’époque. Dans le cas présent, cette
musique illustre bien l’étrange gaieté qui unit le triangle amoureux composé
des deux détectives et de Kay. Bien que la demoiselle danse et embrasse
Bleichert, cela ne semble pas vraiment déranger Lee.
Plongées/Contre-plongées : (1h18min.) Bleichert entre dans un immeuble pour trouver
Bobby DeWitt, bandit qui pourrait mettre Kay en danger, avant que Lee ne le
tue. Le criminel attendait un de ses amis pour faire une magouille. Bleichert
le plaque au mur et le questionne. Bobby réussit à se libérer quand un inconnu
intervient et il s’enfuit en montant les marches d’un escalier. Lors de cette
scène, de nombreux personnages sont assassinés. Des angles de caméras en
plongée et en contre-plongée sont créés par le dénivelé de l’escalier. Dans les
films noirs, ces plans sont réputés pour annoncer une suite inquiétante en
créant une ambiance dramatique. Le spectateur doit alors s’attendre à voir des
personnages mourir.
Éclairage sombre et contrasté : (26min.43s) Après avoir découvert le
corps d’Elizabeth Short, Les deux enquêteurs s’en vont chez Kay. Lee Blanchard
est particulièrement affligé et il se fait agressif avant de quitter l’endroit.
Lors de cette scène, on cadre l’extérieur de la maison tandis qu’il fait nuit.
Les ombres sont très évidentes sur les murs extérieurs blancs et quand les
personnages bougent, cela agite les contrastes créés. Les costumes foncés des
messieurs contribuent à l’éclairage tout comme les vêtements pâles et la
chevelure blonde de Kay. Les longues ombres qui forment des lignes le long de
la maison suggèrent l’expressionnisme allemand, ainsi que le clair-obscur en
peinture. Cela ajoute une couche à l’atmosphère pessimiste présente dans le
film.
Policiers corrompus : (4min.17s) On convoque Bleichert au bureau des mandats
d’arrêt pour lui offrir un poste. Toutefois, cette entrevue n’est pas anodine.
On souhaite organiser un combat entre Bleichert et Lee Blanchard, tous deux
boxeurs, afin de servir de couverture à une proposition qui vise à augmenter
les salaires des policiers. Bleichert, croyant s’engager afin de combattre des
criminels, se retrouve impliqué dans un spectacle malhonnête qui n’a pour but
réel que d’apporter encore plus d’argent au chef du commissariat. Le spectateur peut se questionner sur l'éthique de nos policiers réels.
Critique : Ce
film m’a quelque peu déçu. Malgré les acteurs réputés, les personnages
n’avaient pas une charge émotive profonde et semblaient unidimensionnels ;
ce qui ne les rendait pas très crédibles. L’intrigue était complexe, comme il
fallait s’y attendre, sauf que je ne me suis pas senti surpris par le dénouement. J’ai
plutôt eu la simple impression que la conclusion servait à donner un peu de
sens à l’histoire. Le suspens n’y était pas. Enfin, je ne suis pas familier
avec ce genre cinématographique, alors cela n’a pas aidé la cause.
Visuellement, ce long-métrage était très beau. De Palma a été fidèle au style type des films noirs avec des éclairages contrastés et une atmosphère générale
sombre. Les décors ont été très réussis ; les voitures de l’époque étaient
sublimes tout comme les coiffures des personnages. J’ai été impressionné par un
très long plan subjectif offrant au spectateur le point de vue de Bleichert
lorsqu’il fait son entrée chez la famille Linscott. En somme, ce film très
moyen nécessite une concentration accrue et des attentes modérées pour être compris, mais il possède tout de même un certain attrait pour l' œil.
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