mardi 1 décembre 2015

Analyse: Dahlia Noir


Analyse : Le Dahlia Noir



Film noir de Brian de Palma sorti en 2006 mettant en vedette Josh Hartnett, Aaron Eckhart, Scarlett Johansson et Hilary Swank. Le film est basé sur le roman de James Ellroy, lui-même inspiré d’un meurtre réel.

Résumé : À Los Angeles dans les années quarante, les enquêteurs Dwight Bleichert et Lee Blanchard retrouvent le corps d’une jeune femme, Élizabeth Short, découpé en deux. La coopération des deux policiers amène Bleichert à rencontrer Kay Lake, la copine de Blanchard, dont il s’éprend bien que celle-ci ne fasse que l’aguicher sans aller plus loin. Lors de son enquête, Bleichert fait également la connaissance de Madeleine Linscott, sosie de Elizabeth Short qui charme à son tour le policier.



Éléments du film noir

Ville : (1min.30s) Au tout début du film, une scène montre une bagarre générale qui oppose des matelots, des militaires, de policiers et des hommes habillés en civils. Des bâtiments sont défoncés; des voitures brûlent; les blessés gisent au milieu de la rue ; tout cela dans le chaos le plus absolu. Une voix de radio expliquant la situation déchainée informe le spectateur que l’histoire se déroule à Los Angeles, comme c’est si souvent le cas dans les films noirs. La ville est présentée comme un endroit incontrôlable où la violence règne plus que la loi. Cela préfigure le crime terrible qui sera commis.

Cupidité : (1h32min.) Dwight Bleichert est chez Kay. Celle-ci lui demande de changer des tuiles brisées dans le plancher de la salle de bain. En défaisant le tout, le policier découvre une trappe secrète contenant plusieurs liasses de billets de cent dollars. En interrogeant Kay, Bleichert se rend compte que Blanchard a volé de l’argent à des criminels et que c’est ainsi qu’il réussit à faire étalage d’un luxe bourgeois. La cupidité a empoisonné le cœur des personnages. L’amour de Kay pour Blanchard est nourri par l’argent. Celui-ci lui a payé ses études et lui a offert une vie d’abondance avec lui. Le spectateur est tout autant déçu que Bleichert qui se sent trahi et dont le sens de la justice est bouleversé pour des questions d’argent.

Femme Fatale : (49 min.) Bleichert rencontre Madeleine Linscott dans une voiture noire. Le policier pose des questions à la demoiselle. Cette dernière, ennuyée d’avoir à justifier ses actions, propose à l’enquêteur de faire ce qu’il voudra pour que son nom n’apparaisse pas dans les journaux. Bleichert accepte le rendez-vous qui lui alloue l'accès à la maison des Linscott. Madeleine est vêtue d’une somptueuse robe noire à décolleté plongeant. Ses lèvres sont pulpeuses; sa voix suave; son maquillage et ses cheveux sont aussi arrangés de façon à augmenter l’effet de ses talents d’aguicheuse. Le fait que Mademoiselle Linscott fume n’est pas anodin non plus; cette action indique qu’elle s’élève au rang des hommes afin de les soumettre à l’aide de ses charmes. Pour toutes ses manières d’agir, Madeleine incarne la femme fatale par excellence.

Celui qui cherche la vérité : (20min.14s) Le chef du poste de police annonce la présence de Raymond Nash, un criminel particulièrement violent, dans la ville. Bleichert regarde des photos de l’homme en question. On entend les pensées de l’enquêteur qui décrivent les atrocités commises par ce bandit. Bleichert montre sa volonté de faire payer ses crimes à Raymond Nash. Cette scène est un bon exemple d’un représentant de la loi qui recherche la vérité. Dans l’histoire, la plupart des policiers sont malhonnêtes et Bleichert, même s’il n’est pas complètement un être de lumière, s’efforce de punir les malfaiteurs qui le méritent.

Renforcement de l’érotisme : (1h7min.40s) Les enquêteurs interrogent une jeune femme qui a tourné un film pornographique avec Elizabeth Short peu avant qu’elle soit assassinée. Les policiers se réunissent dans leur salle de projection pour voir s’ils pourraient en tirer des indices. Dans le film tourné en noir et blanc, on voit deux femmes en pleins ébats sexuels. Elizabeth Short est attachée et semble être là contre son gré. La scène se termine quand Lee sort brusquement de la salle, visiblement furieux de ce qu’il a vu. L’érotisme est clairement renforcé étant donné que la victime elle-même a tourné dans un film de nu. Une certaine cruauté est véhiculée à travers cette scène qui montre la sexualité comme un moyen facile pour ces deux femmes de se procurer de l’argent. Le spectateur n’est pas à ses aises d’être voyeur d’un tel fil, car il comprend le contexte sombre entourant les actrices.

Sadisme : (1h43min.) Bleichert réussit à entrer dans une petite cabane qui est en fait la scène du crime. Il y découvre un matelas imbibé de sang ainsi que des outils vraisemblablement destinés à la torture. En se relevant, Bleichert pose les yeux sur une affiche, également tâchée de sang, représentant un clown sur lequel on a pratiqué un « Glasgow smile ». Le sadisme est évidemment véhiculé par ce lieu où l’on a coupé en deux la victime. Le tout provoque le dégoût chez le spectateur qui est frappé par la violence des actes ; ce qui contribue à l’atmosphère sombre.

Musique Jazz : (18min.25s) On voit Bleichert danser avec Kay au milieu d’une foule qui célèbre le Jour de l’An 1947. L’intérêt est clairement placé sur la musique car le band qui fait danser les gens est placé sur la scène. La chanson entendue, « In the Mood » de Glenn Miller, est un standard jazz qui a connu un énorme succès à l’époque. Dans le cas présent, cette musique illustre bien l’étrange gaieté qui unit le triangle amoureux composé des deux détectives et de Kay. Bien que la demoiselle danse et embrasse Bleichert, cela ne semble pas vraiment déranger Lee. 

Plongées/Contre-plongées : (1h18min.) Bleichert entre dans un immeuble pour trouver Bobby DeWitt, bandit qui pourrait mettre Kay en danger, avant que Lee ne le tue. Le criminel attendait un de ses amis pour faire une magouille. Bleichert le plaque au mur et le questionne. Bobby réussit à se libérer quand un inconnu intervient et il s’enfuit en montant les marches d’un escalier. Lors de cette scène, de nombreux personnages sont assassinés. Des angles de caméras en plongée et en contre-plongée sont créés par le dénivelé de l’escalier. Dans les films noirs, ces plans sont réputés pour annoncer une suite inquiétante en créant une ambiance dramatique. Le spectateur doit alors s’attendre à voir des personnages mourir.

Éclairage sombre et contrasté : (26min.43s) Après avoir découvert le corps d’Elizabeth Short, Les deux enquêteurs s’en vont chez Kay. Lee Blanchard est particulièrement affligé et il se fait agressif avant de quitter l’endroit. Lors de cette scène, on cadre l’extérieur de la maison tandis qu’il fait nuit. Les ombres sont très évidentes sur les murs extérieurs blancs et quand les personnages bougent, cela agite les contrastes créés. Les costumes foncés des messieurs contribuent à l’éclairage tout comme les vêtements pâles et la chevelure blonde de Kay. Les longues ombres qui forment des lignes le long de la maison suggèrent l’expressionnisme allemand, ainsi que le clair-obscur en peinture. Cela ajoute une couche à l’atmosphère pessimiste présente dans le film.

Policiers corrompus : (4min.17s) On convoque Bleichert au bureau des mandats d’arrêt pour lui offrir un poste. Toutefois, cette entrevue n’est pas anodine. On souhaite organiser un combat entre Bleichert et Lee Blanchard, tous deux boxeurs, afin de servir de couverture à une proposition qui vise à augmenter les salaires des policiers. Bleichert, croyant s’engager afin de combattre des criminels, se retrouve impliqué dans un spectacle malhonnête qui n’a pour but réel que d’apporter encore plus d’argent au chef du commissariat. Le spectateur peut se questionner sur l'éthique de nos policiers réels.


Critique : Ce film m’a quelque peu déçu. Malgré les acteurs réputés, les personnages n’avaient pas une charge émotive profonde et semblaient unidimensionnels ; ce qui ne les rendait pas très crédibles. L’intrigue était complexe, comme il fallait s’y attendre, sauf que je ne me suis pas senti surpris par le dénouement. J’ai plutôt eu la simple impression que la conclusion servait à donner un peu de sens à l’histoire. Le suspens n’y était pas. Enfin, je ne suis pas familier avec ce genre cinématographique, alors cela n’a pas aidé la cause. Visuellement, ce long-métrage était très beau. De Palma a été fidèle au style type des films noirs avec des éclairages contrastés et une atmosphère générale sombre. Les décors ont été très réussis ; les voitures de l’époque étaient sublimes tout comme les coiffures des personnages. J’ai été impressionné par un très long plan subjectif offrant au spectateur le point de vue de Bleichert lorsqu’il fait son entrée chez la famille Linscott. En somme, ce film très moyen nécessite une concentration accrue et des attentes modérées pour être compris, mais il possède tout de même un certain attrait pour l'œil.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire