Analyse :
Un long dimanche de fiançailles
Film de guerre et de romance réalisé par Jean-Pierre Jeunet sorti en
2004 avec Audrey Tautou dans le rôle principal. Ce long-métrage est inspiré du livre de Sébastien Japrisot.
Résumé : Cinq soldats français sont condamnés à mort par la
cour martiale pour s’être automutilés.
Un de ces malheureux, Manech, était amoureux d’une jeune femme prénommée
Mathilde. Celle-ci, qui n’arrive pas à croire que son amant est décédé, tentera
de découvrir les circonstances entourant de la mort qu’on lui prétend…
L’image
« Split Screen » : (1h41min.55s - 1h42min.15s) On filme Mathilde
qui parle au téléphone et sur le côté gauche de l’écran, Mme Desrochelles, avec
qui elle discute, apparaît. Cela rapproche
les deux femmes qui ont un échange à distance. En plus, lorsque Mme
Desrochelles raconte ses propos, le côté droit de l’écran illustre les soldats
dont elle parle. Enfin, le tout revient
sur Mathilde.
Entrée/sortie de champ : (38min.17s – 38min.49) Mathilde entre dans
un bar pour trouver Manech. Le barman
avec une main en bois sert une vieille dame.
Cette dernière quitte l’endroit, mais revient quelques instants plus
tard. La dame âgée effectue une entrée
et une sortie de champ ; ce qui démontre sa dépendance probable à
l’alcool.
Champ-contre-champ : (1h36min.32s – 1h37min.22s)
Mathilde arrive
enfin à rencontrer Tina Lombardi lors d’une visite en prison. Les deux femmes discutent et il y a
champ-contre-champ.
Regard-hors-champ : (46min.27s – 46min.30s) Manech et Mathilde sont au
sommet d'une église. Le jeune homme
entreprend de graver leurs initiales sur la cloche. Lorsqu’il donne un premier coup de burin, le
son retentit à travers les lieux.
Plusieurs personnes relèvent alors la tête vers l’endroit sacré. Il y a là une succession de trois regards-hors-champ.
Profondeur de champ : (2min.5s – 2min.25s) Au tout début du film
dans la première séquence, un homme allumant sa cigarette à l’aide d’une
lanterne est filmé de très près. Sur ce
même plan, on voit derrière d’autres soldats parcourir la tranchée. La profondeur de champ de ce plan est très
nette.
Types
de plans
Plan-séquence : (53min.55s – 55min.29s) La scène début avec un plan d’ensemble sur le
marché. La caméra effectue un travelling
vertical jusque sur Mathilde. On suit
cette dernière à travers le marché avec de nombreux travelling avant entrecoupés
de pauses, puis également de travelling latéraux et arrière. La séquence se termine avec un plan rapproché
épaule sur Élodie Gordes, la femme que recherchait Mathilde.
Plan de grand ensemble : (33min.17s – 33min.21s) Quand Germain Pire, l’enquêteur privé, tente
de trouver des informations sur Tine Lombardi, il se rend en Corse. On filme le
paysage de très loin pour mettre le spectateur en contexte. Une montagne et sa vallée sont présentées.
Plan d’ensemble : (1h22min.57s – 1h23min.5s) On film le « no
man’s land » tandis qu’il y a des tirs d’obus. Cela décrit le décor désolant dans lequel
vivent les soldats.
Plan moyen : (1h31min.40s – 1h32min.5s) Le cadre englobe des
pieds jusqu’à la tête les personnages quand Mathilde retourne sur le champ de
bataille et retrouve la trappe où s’étaient réfugiés certains soldats. Cela sert à prouver comment le paysage autour
à changer et à quel point la cachette était bien dissimulée.
Plan américain : (57min.44s – 57min.50s) Le facteur tombe de son
vélo en essayant de freiner sur la pierre de l’entrée de la maison de Mathilde
puisqu’avant il y avait du gravier. Lorsqu’il
se relève, le plan s’arrête aux genoux des personnages afin de mettre en
évidence la chute qui vient de se produire.
Plan rapproché taille : (1h2min.14s - 1h2min.18s) Pour s’exempter
de la conscription, Biscotte demande à Bastoche de coucher avec sa femme afin
d’avoir un sixième enfant, car lui-même est infertile. Lors du rendez-vous, la femme de Biscotte se
lève pour offrir au futur géniteur de ses enfants à boire. À ce moment, le plan s’arrête sur le ventre de la
dame, car le sujet de conversation est la procréation.
Plan rapproché épaule : (1h40min.37s – 1h40min.51s) Quand Mathilde
discute dans le train avec son avocat, Pierre-Marie, ils sont cadrés à l’épaule
dans un champ-contre-champ comme c’est souvent le cas dans les dialogues.
Gros plan : (1h56min.24s – 1h56min.28s) Benoît Notre-Dame est
dans la grange qui sert d’hôpital. Elle
contient un zeppelin qui explose à la suite d’un bombardement. Benoît Notre-Dame a eu le temps de se cacher
dans un abris et il y a gros plan sur sa figure crispée tandis qu’il lutte
contre le choc.
Très gros plan : (9min.12s – 9min.14s) Il y a insert sur la montre
d’Ange Bassignano, alors qu’un soldat et lui se pointent mutuellement un fusils sur la main. Au moment où la berceuse
arrête, tous deux tirent. Le très gros
plan ajoute de l’importance à l’objet qu’on revoit plus tard dans le film.
Plan subjectif : (2min.41s – 2min.47s) On voit un soldat français
qui marche dans la tranchée et tout de suite après, nous avons son point de
vue. Cela permet au spectateur de se
mettre dans la peau d’un combattant.
Angles
de prise de vue
Vue en plongée : (40min.46s – 40min.58s) Lorsque Mathilde va aux archives pour trouver
des indices sur « Bingo Crépuscule », les deux hommes montent à
l’étage et la laissent seul au rez-de-chaussée.
À ce moment, Mathilde tente de voler des documents confidentiels et la
vue en plongée explique la crainte qu’elle a de se faire prendre en plein délit
par ses compagnons qui ont l’autorité sur elle.
Vue en contre-plongée : (46min. – 46min.3s) Mathilde et Manech montent
au sommet d’une église pour jouer avec la cloche et y inscrire
« MMM ». Pour introduire cette scène, il y a un plan qui offre une
vue en contre-plongée sur l’église afin d’en montrer l’ampleur.
Overhead shot : (1h10min.8s – 1h10min.30s) On filme Manech en train de sculpter « MMM » sur le dessus d’un cap rocheux, au bord
de la falaise. Ce dernier crie
« Manech aime Mathilde », ce qui explique l’inscription. La caméra bouge, tout en gardant sa vue
aérienne, et cadre Mathilde un peu plus haut.
Cet angle accentue les différents niveaux par rapport à la mer.
Mouvements
de caméra
Panoramique horizontal : (1h12min.37s – 1h12min.40s) Mathilde court
jusqu’au virage non loin de chez elle pour espérer voir une dernière fois la voiture de son amoureux qui part pour la
guerre. Une fois
arrivée, elle est dans le doute jusqu’à ce qu’une automobile passe. Il y en a
bien une, mais c’est celle d'un inconnu. La
caméra effectue un panoramique horizontal de gauche à droite pour suivre le
véhicule en mouvement qui passe à côté de Mathilde.
Panoramique vertical : (4min.28s - 4min.37s) Lorsqu’on présente le
personnage de Francis Geignard, il marche dans une tranchée et est escorté par
des soldats. La caméra est placée devant lui au sol. Elle effectue un panoramique vertical de haut
en bas quand ce dernier tombe dans la bouette.
Travelling avant : (49min.10s – 49min.17s) Quand le facteur arrive à
vélo pour apporter le courrier, on le suit en travelling avant. Le mouvement s’arrête brusquement en même
temps que ce dernier freine au milieu du gravier.
Travelling arrière : (1h24min.21s – 1h24min.38s) Un commandant crie « baïonnette au
canon ! » et la caméra recule à travers la tranchée en exposant les
soldats français qui ajuste leurs armes comme demandé. On voit la quantité impressionnante de gens
qui s’en vont à la boucherie se faire mitrailler.
Travelling vertical : (7min.9s – 7min.14s) Quand on vient
chercher Benoît Notre-Dame afin de l’enrôler dans l’armée, il y a traveling
vertical de bas en haut à partir du pied du messager. En remontant, la caméra expose le champ dans
lequel une brise vient rabattre le blé.
Cela a pour signification le choc vécu par Benoît qui doit abandonner
ses terres.
Travelling latéral : (6min.51s – 7min) On voit Benoît Notre-Dame seul
avec son fusil dans une tranchée. Il pointe son arme sur sa main et la caméra
se déplace de gauche à droite vers son visage.
Au moment où il appuie sur la détente, il sert la gaine de son casque
avec ses dents. On suggère
l’automutilation sans la montrer.
Travelling circulaire : (1h7min.50s – 1h8min.17s) La caméra fait
plus d’un tour autour du phare en même temps de s’en approcher, tandis que
Mathilde et Manech, enfants, jouent en se courant l’un après l’autre au sommet du phare. Cela rend le moment
plus intime.
Zoom avant : Ce film n’en présente aucun.
Zoom arrière : Ce film n’en présente aucun.
Caméra à l’épaule : (10min.24s – 10min.32s) On suit deux soldats
français qui rampent sur le « no man’s land » pour franchir le
barbelé. L’un d’eux, Manech, atteint un
trou d’obus avant de recevoir les lambeaux de chair de son coéquipier. La
caméra à l’épaule donne un effet instable qui nous amène dans l’atmosphère du
champ de bataille.
Effets
Visuels
Vue en amorce : (1h17min.36s – 1h17min.39s) On filme Manech en amorce, au travers des
barbelés, sur le bord de la tranchée alors qu’il grave « MMM » sur un
arbre au milieu du « no man’s land ».
Effet de reflet : (25min.44s – 25min.52s) Mathilde se tresse devant la glace et la
caméra cadre deux reflets de miroir. À
ce moment, elle répète plusieurs fois « feu mes parents », ce qui donne « mais
part en feu ». Le plan suivant
montre une photographie enflammée de ses parents.
Effet de portail : Ce film n’en présente
aucun.
Effet d’interdépendance : Ce film n’en
présente aucun.
Critique : Ce film était très beau visuellement. Jean-Pierre Jeunet nous a montré son savoir
faire avec une panoplie de mouvements de caméra, de plans-séquence et de split screen. Je ne suis personnellement pas fan des films
français, mais j’ai été surpris par tous ces éléments. L’intrigue tient le spectateur en haleine,
même si bien des personnages semblent sortir de nulle part. J’ai été impressionné par le réalisme des
scènes de guerre et je dois dire qu’on ne s’est pas gêné pour montrer les
horreurs de la guerre. Bon film.