jeudi 15 octobre 2015

Buster Keaton: Le Mécano de la "General"


Buster Keaton :
 Le Mécano de la « General »



Résumé : Johnnie Gray, un mécanicien de train pour la General, est amoureux d’une jeune femme, Annabelle. Lorsque la Guerre de Sécession éclate, Johnnie décide de s’enrôler dans l’armée sudiste. On le refuse, le jugeant plus utile en tant que mécanicien, et sa douce le renie, car il ne porte pas l’uniforme.  Toutefois, Annabelle est prise en otage par l'armée nordiste. En solitaire, Johnnie se lance à la rescousse de sa bien-aimée à bord de sa locomotive. 

Éléments du Burlesque

Bastonnade/Ridiculise l’autorité: (45min.30s – 46min.50s) Johnnie Gray a retrouvé sa dulcinée, mais il est toujours pris du côté des nordistes. Il décide de voler une locomotive. Pour y parvenir, Johnnie se dissimule avec un uniforme de l’Union. Annabelle, cachée dans un sac transporté par Johnnie, détache la locomotive du reste du train. La jeune femme est placée parmi les bagages. Johnnie Gray prend une planche de bois destinée à carburer la locomotive. Il y monte et il assomme rapidement les trois hommes qui étaient à bord avant de filer avec l’engin. La rapidité du geste amplifie l’effet comique. Cela contraste avec les actions précédentes qui se faisaient lentement et en toute discrétion. On parle ici d’un vrai coup d’éclat.

Chute corporelle : (5min.15s - 5min.30s) Au début du film, Johnnie va chez Annabelle. Lorsque le père de la jeune femme annonce le début de la guerre, cela interrompt leur entretien.  Johnnie doit partir s’enrôler, à la demande d’Annabelle.  Celle-ci l’embrasse en guise d’au revoir. Suite au baiser, Johnnie recule lentement avec un air hébété jusqu’à ce qu’il chute du haut du perron.  Voir l’homme ainsi perturbé jusqu’à en perdre pied fait sourire le spectateur.  Johnnie « tombe » littéralement amoureux.


Gag : (11min. – 11min.28s) Après avoir été renié par Annabelle car il ne porte pas l’uniforme sudiste, Johnnie Gray est déçu et il s’assoit sur la bielle de la locomotive à vapeur. Cette dernière s’active au départ de l’engin, tandis que Johnnie, toujours assis sur la barre, monte et redescend comme s’il était dans un manège. Cet effet inattendu rend l’univers loufoque.

Slapstick : (38min. - 38min.37s) Johnnie tente de retrouver Annabelle, captive des nordistes. Il matraque un premier soldat par derrière avec la crosse d’un fusil en sortant d’une maison. Ensuite, il dépouille le malheureux de son uniforme. Une autre sentinelle vient à sa rencontre. Les deux personnages se rapprochent jusqu’à ce que Johnnie frappe le soldat très rapidement en plein front à l’aide de son fusil. Son adversaire tombe par terre, assommé.  La rapidité à laquelle se déroule l’action rend cette farce visuelle encore plus comique.

Running gag : (1h10min. - 1h11min.55s) Les sudistes accueillent les nordistes qui décident de lancer l’assaut même s’ils n’ont plus de train pour les supporter. Johnnie, déguisé en soldat, a récupéré un sabre, sauf que la lame en est fragile. Il donne des ordres avec son arme. Son épée se brise une première fois, mais la lame ne va pas très loin.  Johnnie Gray la récupère et rassemble le tout.  Il perd une seconde fois le tranchant qui bondit jusqu’en avant d’un canon allié.  Johnnie rate de peu de recevoir un boulet qu’il esquive en se penchant pour recouvrer son arme.  Ensuite, un tireur sudiste est embusqué et abat un par un les trois hommes autour de l’imposteur nordiste.  En élevant son sabre pour ordonner au canon suivant de faire feu, la lame se détache et se plante dans le dos de la sentinelle ennemie.  Bien que la blague reste la même, on ajoute un effet surprenant à  chaque coup ; ce qui crée un crescendo humoristique.


Critique : J’ai été impressionné par les effets spéciaux présentés dans ce long-métrage. Il y avait notamment un éclair qui a dû être rajouté. Cet effet spécial est précurseur de ce qui a suivi. On a également placé un point de vue au travers d’un trou dans une nappe comme une caméra voyeur. Même s’il n’y avait pas de paroles ni de couleurs, le jeu très expressif des acteurs m’a diverti. J’ai été impressionné de voir tous les trains utilisés et les ponts détruits qui ont été mis en place pour le tournage. Certaines acrobaties ont dû prendre beaucoup de temps à réussir à cause de leur difficulté, mais ce sont les moments que j’ai préférés.

Filmographie des longs-métrages réalisés par  Buster Keaton :

1923 : Les Trois Âges (63min.)
1923 : Les Lois de l’hospitalité (70min.)
1924 : Sherlock Junior (45min.) - moyen-métrage
1924 : La Croisière du Navigateur (60min.)
1925 : Ma vache et moi (69min.
1925 : Fiancées en Folie (72min.)
1926 : Le Dernier Round (72min.)
1927 : Le Mécano de la Général (78min.)
1927 : Sportif par amour (66min.)
1928 : Cadet d’eau douce (72min.)
1928 : L’Opérateur (75min.)
1929 : Le Figurant (80min.)

jeudi 1 octobre 2015

Analyse: Un long dimanche de fiançailles


Analyse : Un long dimanche de fiançailles



Film de guerre et de romance réalisé par Jean-Pierre Jeunet sorti en 2004 avec Audrey Tautou dans le rôle principal.  Ce long-métrage est inspiré du livre de Sébastien Japrisot.

Résumé : Cinq soldats français sont condamnés à mort par la cour martiale pour s’être automutilés.  Un de ces malheureux, Manech, était amoureux d’une jeune femme prénommée Mathilde. Celle-ci, qui n’arrive pas à croire que son amant est décédé, tentera de découvrir les circonstances entourant de la mort qu’on lui prétend…

L’image

« Split Screen » : (1h41min.55s - 1h42min.15s) On filme Mathilde qui parle au téléphone et sur le côté gauche de l’écran, Mme Desrochelles, avec qui elle discute, apparaît.  Cela rapproche les deux femmes qui ont un échange à distance. En plus, lorsque Mme Desrochelles raconte ses propos, le côté droit de l’écran illustre les soldats dont elle parle.  Enfin, le tout revient sur Mathilde.

Entrée/sortie de champ : (38min.17s – 38min.49) Mathilde entre dans un bar pour trouver Manech.  Le barman avec une main en bois sert une vieille dame.  Cette dernière quitte l’endroit, mais revient quelques instants plus tard.  La dame âgée effectue une entrée et une sortie de champ ; ce qui démontre sa dépendance probable à l’alcool.

Champ-contre-champ : (1h36min.32s – 1h37min.22s)
Mathilde arrive enfin à rencontrer Tina Lombardi lors d’une visite en prison.  Les deux femmes discutent et il y a champ-contre-champ.

Regard-hors-champ : (46min.27s – 46min.30s) Manech et Mathilde sont au sommet d'une église.  Le jeune homme entreprend de graver leurs initiales sur la cloche.  Lorsqu’il donne un premier coup de burin, le son retentit à travers les lieux.  Plusieurs personnes relèvent alors la tête vers l’endroit sacré.  Il y a là une succession de trois regards-hors-champ.

Profondeur de champ : (2min.5s – 2min.25s) Au tout début du film dans la première séquence, un homme allumant sa cigarette à l’aide d’une lanterne est filmé de très près.  Sur ce même plan, on voit derrière d’autres soldats parcourir la tranchée.  La profondeur de champ de ce plan est très nette.

Types de plans

Plan-séquence : (53min.55s – 55min.29s)  La scène début avec un plan d’ensemble sur le marché.  La caméra effectue un travelling vertical jusque sur Mathilde.  On suit cette dernière à travers le marché avec de nombreux travelling avant entrecoupés de pauses, puis également de travelling latéraux et arrière.  La séquence se termine avec un plan rapproché épaule sur Élodie Gordes, la femme que recherchait Mathilde.

Plan de grand ensemble : (33min.17s – 33min.21s)  Quand Germain Pire, l’enquêteur privé, tente de trouver des informations sur Tine Lombardi, il se rend en Corse. On filme le paysage de très loin pour mettre le spectateur en contexte.  Une montagne et sa vallée sont présentées.

Plan d’ensemble : (1h22min.57s – 1h23min.5s) On film le « no man’s land » tandis qu’il y a des tirs d’obus.  Cela décrit le décor désolant dans lequel vivent les soldats.

Plan moyen : (1h31min.40s – 1h32min.5s) Le cadre englobe des pieds jusqu’à la tête les personnages quand Mathilde retourne sur le champ de bataille et retrouve la trappe où s’étaient réfugiés certains soldats.  Cela sert à prouver comment le paysage autour à changer et à quel point la cachette était bien dissimulée.

Plan américain : (57min.44s – 57min.50s) Le facteur tombe de son vélo en essayant de freiner sur la pierre de l’entrée de la maison de Mathilde puisqu’avant il y avait du gravier.  Lorsqu’il se relève, le plan s’arrête aux genoux des personnages afin de mettre en évidence la chute qui vient de se produire.

Plan rapproché taille : (1h2min.14s - 1h2min.18s) Pour s’exempter de la conscription, Biscotte demande à Bastoche de coucher avec sa femme afin d’avoir un sixième enfant, car lui-même est infertile.  Lors du rendez-vous, la femme de Biscotte se lève pour offrir au futur géniteur de ses enfants à boire.  À ce moment, le plan s’arrête sur le ventre de la dame, car le sujet de conversation est la procréation.

Plan rapproché épaule : (1h40min.37s – 1h40min.51s) Quand Mathilde discute dans le train avec son avocat, Pierre-Marie, ils sont cadrés à l’épaule dans un champ-contre-champ comme c’est souvent le cas dans les dialogues.

Gros plan : (1h56min.24s – 1h56min.28s) Benoît Notre-Dame est dans la grange qui sert d’hôpital.  Elle contient un zeppelin qui explose à la suite d’un bombardement.  Benoît Notre-Dame a eu le temps de se cacher dans un abris et il y a gros plan sur sa figure crispée tandis qu’il lutte contre le choc.

Très gros plan : (9min.12s – 9min.14s) Il y a insert sur la montre d’Ange Bassignano, alors qu’un soldat et lui se pointent  mutuellement un fusils sur la main.  Au moment où la berceuse arrête, tous deux tirent.  Le très gros plan ajoute de l’importance à l’objet qu’on revoit plus tard dans le film.

Plan subjectif : (2min.41s – 2min.47s) On voit un soldat français qui marche dans la tranchée et tout de suite après, nous avons son point de vue.  Cela permet au spectateur de se mettre dans la peau d’un combattant.

Angles de prise de vue

Vue en plongée : (40min.46s – 40min.58s)  Lorsque Mathilde va aux archives pour trouver des indices sur « Bingo Crépuscule », les deux hommes montent à l’étage et la laissent seul au rez-de-chaussée.  À ce moment, Mathilde tente de voler des documents confidentiels et la vue en plongée explique la crainte qu’elle a de se faire prendre en plein délit par ses compagnons qui ont l’autorité sur elle.

Vue en contre-plongée : (46min. – 46min.3s) Mathilde et Manech montent au sommet d’une église pour jouer avec la cloche et y inscrire « MMM ». Pour introduire cette scène, il y a un plan qui offre une vue en contre-plongée sur l’église afin d’en montrer l’ampleur.

Overhead shot : (1h10min.8s – 1h10min.30s) On filme Manech en train de sculpter « MMM » sur le dessus d’un cap rocheux, au bord de la falaise.  Ce dernier crie « Manech aime Mathilde », ce qui explique l’inscription.  La caméra bouge, tout en gardant sa vue aérienne, et cadre Mathilde un peu plus haut.  Cet angle accentue les différents niveaux par rapport à la mer.

Mouvements de caméra

Panoramique horizontal : (1h12min.37s – 1h12min.40s) Mathilde court jusqu’au virage non loin de chez elle pour espérer voir une dernière fois la voiture de son amoureux qui part pour la guerre.  Une fois arrivée, elle est dans le doute jusqu’à ce qu’une automobile passe. Il y en a bien une, mais c’est celle d'un inconnu.  La caméra effectue un panoramique horizontal de gauche à droite pour suivre le véhicule en mouvement qui passe à côté de Mathilde.

Panoramique vertical : (4min.28s - 4min.37s) Lorsqu’on présente le personnage de Francis Geignard, il marche dans une tranchée et est escorté par des soldats. La caméra est placée devant lui au sol.  Elle effectue un panoramique vertical de haut en bas quand ce dernier tombe dans la bouette.

Travelling avant : (49min.10s – 49min.17s) Quand le facteur arrive à vélo pour apporter le courrier, on le suit en travelling avant.  Le mouvement s’arrête brusquement en même temps que ce dernier freine au milieu du gravier.

Travelling arrière : (1h24min.21s – 1h24min.38s)  Un commandant crie « baïonnette au canon ! » et la caméra recule à travers la tranchée en exposant les soldats français qui ajuste leurs armes comme demandé.  On voit la quantité impressionnante de gens qui s’en vont à la boucherie se faire mitrailler.

Travelling vertical : (7min.9s – 7min.14s) Quand on vient chercher Benoît Notre-Dame afin de l’enrôler dans l’armée, il y a traveling vertical de bas en haut à partir du pied du messager.  En remontant, la caméra expose le champ dans lequel une brise vient rabattre le blé.  Cela a pour signification le choc vécu par Benoît qui doit abandonner ses terres.

Travelling latéral : (6min.51s – 7min) On voit Benoît Notre-Dame seul avec son fusil dans une tranchée. Il pointe son arme sur sa main et la caméra se déplace de gauche à droite vers son visage.  Au moment où il appuie sur la détente, il sert la gaine de son casque avec ses dents.  On suggère l’automutilation sans la montrer.

Travelling circulaire : (1h7min.50s – 1h8min.17s) La caméra fait plus d’un tour autour du phare en même temps de s’en approcher, tandis que Mathilde et Manech, enfants, jouent en se courant l’un après l’autre au sommet du phare.  Cela rend le moment plus intime.

Zoom avant : Ce film n’en présente aucun.

Zoom arrière : Ce film n’en présente aucun.

Caméra à l’épaule : (10min.24s – 10min.32s) On suit deux soldats français qui rampent sur le « no man’s land » pour franchir le barbelé.  L’un d’eux, Manech, atteint un trou d’obus avant de recevoir les lambeaux de chair de son coéquipier. La caméra à l’épaule donne un effet instable qui nous amène dans l’atmosphère du champ de bataille.

Effets Visuels

Vue en amorce : (1h17min.36s – 1h17min.39s)  On filme Manech en amorce, au travers des barbelés, sur le bord de la tranchée alors qu’il grave « MMM » sur un arbre au milieu du « no man’s land ».

Effet de reflet : (25min.44s – 25min.52s)  Mathilde se tresse devant la glace et la caméra cadre deux reflets de miroir.  À ce moment, elle répète plusieurs fois « feu mes parents », ce qui donne « mais part en feu ».  Le plan suivant montre une photographie enflammée de ses parents.

Effet de portail : Ce film n’en présente aucun.

Effet d’interdépendance : Ce film n’en présente aucun.


Critique : Ce film était très beau visuellement.  Jean-Pierre Jeunet nous a montré son savoir faire avec une panoplie de mouvements de caméra, de plans-séquence et de split screen.  Je ne suis personnellement pas fan des films français, mais j’ai été surpris par tous ces éléments.  L’intrigue tient le spectateur en haleine, même si bien des personnages semblent sortir de nulle part.  J’ai été impressionné par le réalisme des scènes de guerre et je dois dire qu’on ne s’est pas gêné pour montrer les horreurs de la guerre.  Bon film.